Comment aider un collègue harcelé moralement ou sexuellement ?
- Maître VERONE
- 7 juin
- 3 min de lecture
Une amie est devenue la confidente d’une collègue qui lui décrit des faits de harcèlement sexuel de la part de son supérieur direct.
Cette collègue est dans une détresse psychologique importante et mon amie ne sait pas quel comportement adopté et comment lui venir en aide.
Elle est évidemment venue me demander conseil afin de connaître la posture et les démarches à suivre.
Si vous êtes dans ce cas, que vous soyez un collègue, un professionnel aidant ou la victime, voici la réponse :
Lorsqu’une personne victime de harcèlement moral ou sexuel se confie à vous, votre rôle n’est pas de juger, mais d’accueillir sa parole avec bienveillance, discrétion et respect. Sa démarche implique souvent un grand courage : elle vous parle parce qu’elle vous perçoit comme une personne de confiance.
1. Accueillir la parole dans un cadre sécurisé
Installez-vous dans un lieu confidentiel, à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes.
Laissez la personne s’exprimer librement, sans l’interrompre, sans minimiser ni banaliser ses propos.
Évitez toute réaction du type :
« Ce n’est pas si grave », « Ça arrive à tout le monde », « Tu dois mal interpréter »,car ces propos peuvent produire un effet de seconde violence, réduisant au silence la victime.
2. Légitimer son ressenti et rappeler le cadre légal
Croyez-la. Vous n’avez pas à vérifier les faits immédiatement : ce n’est ni votre rôle ni votre responsabilité. Le simple fait de valider son vécu est déjà un soutien essentiel.
Rappelez-lui que :
Les faits décrits peuvent constituer des infractions pénales (articles 222-33 et 222-33-2 du Code pénal) ;
Le harcèlement, moral ou sexuel, est interdit et sanctionné par la loi, tant au pénal qu’en droit du travail (articles L.1152-1 et L.1153-1 du Code du travail) ;
L’auteur des faits engage sa responsabilité, pas la victime, qui ne doit en aucun cas culpabiliser.
3. Orienter la victime vers des interlocuteurs compétents
Pour accompagner efficacement la victime, orientez-la vers des professionnels et interlocuteurs spécialisés, internes ou externes à l’entreprise :
Acteurs internes à l’entreprise | Acteurs externes |
Référent harcèlement (obligatoire dans les entreprises de plus de 250 salariés) | Inspection du travail |
Référent égalité professionnelle | Médecin traitant |
Membre du Comité Social et Économique (CSE) | Psychologue ou psychiatre |
Supérieur hiérarchique (s’il est de confiance et non impliqué) | Avocat spécialisé en droit du travail ou droit pénal |
Responsable des ressources humaines (pour déclencher une enquête interne) | Associations d’aide aux victimes (ex : AVFT, CIDFF, etc.) |
Délégué syndical ou représentant de section syndicale | Services de santé au travail |
4. Être attentif aux signes quand la parole ne se libère pas
Il arrive que certaines victimes n’os
ent pas parler en raison de la peur, de la honte ou d’un sentiment d’isolement. Il est alors crucial que l’entourage professionnel (collègues, managers, employeurs) soit attentif à certains signaux d’alerte :
Changements de comportement : repli sur soi, irritabilité, anxiété, désengagement professionnel.
Modifications de l’organisation personnelle : retards fréquents, absences répétées, demandes inhabituelles de mutation d’équipe ou de poste.
Altération de l’apparence physique ou de l’état de santé : perte ou prise de poids importante, hygiène négligée, conduites addictives, troubles du sommeil ou de l’alimentation.
En résumé :
La parole d’une victime est précieuse et doit être protégée.
Le harcèlement est un fait grave, encadré par la loi, sanctionnable pénalement et civilement.
Vous pouvez jouer un rôle essentiel en écoutant, soutenant, déculpabilisant, et orientant la victime vers les bons interlocuteurs.




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